Très jeune, Alain Lithaud a 3 passions : la musique, le cinéma, les arts du spectacle. Douze années de violon avec "l’oreille absolue", et la manipulation des bandes magnétiques de son père ont contribué à la précision, l’acuité que l’on trouve dans toutes ses œuvres… Rapidement, il tourne des cours-métrages, et il crée à l’âge de 20 ans sa compagnie théâtrale "Les Compagnons du Bec de Gaz". Après des études scientifiques, sa passion du cinéma l’amènera en Lettres Modernes à l’Université de Nancy 2.
Il rencontre alors deux personnes qui vont compter : Jean-Marie Villégier et Roger Viry-Babel. Ce dernier l’embarque dans l’enseignement du cinéma à l’Université, et à la radio (chroniques cinéma). Sa rencontre avec Jean-Marie Villégier, grand metteur en scène de théâtre et d’opéras, est particulièrement décisive.
En 1974, Jean-Marie Villégier lui demande de le seconder dans un projet où il met en scène "La Tentation de Saint Antoine" de Gustave Flaubert ; Alain est "assistant à la mise en scène… créateur lumière… régisseur… et JMV lui demande en plus de trouver une musique qui pourrait évoquer le désert ! " Alain cherche, cherche, ne trouve rien dans sa discothèque… alors il ose composer… JMV est étonné de la pertinence de ce travail.
Ainsi, Alain découvre en autodidacte les "mises en espaces sonores", et la composition de musiques électroacoustiques. Dès lors, il compose pour le théâtre (Jean-Marie Villégier, Christian Rist, Sylvie Chenus, Daniel Zerki, Michèle Venard…). Il sera au festival d’Avignon en 1985 : "Le Savon" d'après Francis Ponge (Christian Rist, avec la Comédie Française), en1986 : "Générique du Drame de la Vie" de Valère Novarina mis en scène aussi par Christian Rist… et bien d’autres fois, et dans le In et dans le Off.
Il compose pour le cinéma : "Le Violon du Diable" de Roger Viry-Babel, "Les Âmes de Verdun" de Régis Caël et Régis Latouche (diffusion à la télévision puis à Paris - Grande Cour des Invalides).
Il compose aussi pour la danse ; ce qui permet à son inventivité créatrice de se déployer, avec Renate Pook, Christine Gérard, Daniel Dobbels, Maïté Fossen...
Pédagogue, il enseigne à l'Institut Européen du Cinéma et de l'Audiovisuel de l'Université de Nancy 2 (et ailleurs) le "Son et son Écoute" ainsi que l'écriture cinématographique ; un de ses étudiant, Vincent Mirabel, écrira « …Alain Lithaud, notre premier professeur de cinéma, avec qui j’ai disséqué pendant 5 mois les quarante-cinq premières secondes de "Cinquième Colonne" d’Alfred Hitchcock ».
Il est aussi responsable de la section audio-visuelle à l’IREM (Institut pour la Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques) à Nancy.
En 1974, il est de l’équipe réunie par Michel Rémy, (professeur à l’Université de Lettres de Nancy 2) pour la création du FUFU (Festival Universitaire du Film Underground). Il y rencontre Jean-Paul Dupuis en 1978. Il le rejoint rapidement au « Collectif Jeune Cinéma » où il participe à ses activités (colloques, festivals,…).
Dans les années 95, l’option cinéma-audiovisuel est créée dans certains lycées, sous l’impulsion de Claude Brunel. C’est l’occasion pour lui d’y accompagner Jean-Paul.
Il a travaillé aux Ateliers UPIC de Yannis Xénakis. Il a participé à certains festivals "Synthèse" de Bourges (IMEB). Il donne des concerts en France et à l’étranger (Slovénie, Russie,…).
Depuis 1982, il participe, en tant que compositeur-expert, au développement de logiciels d'analyse et de synthèse des sons de l’IRCAM comme AudioSculpt.
Il a été "oreille" et a participé aux travaux sur la voix pour plusieurs films, comme "Farinelli" de Gérard Corbiau, "Les amours d'Astrée et de Céladon" d’Éric Rohmer. Il est chercheur invité à l’IRCAM. (Institut de recherche et coordination acoustique/musique).
Alain Lithaud, mon ami très cher est décédé vendredi 30 juin 2023