Education au langage et aux arts de l'audiovisuel

Mon analyse au début du troisième millénaire - Texte écrit en juillet 2009


En ce début du troisième millénaire, je mesure le chemin parcouru mais aussi  les carences en matière d’initiation au langage de l’Image et du Son, d’éducation à l’Audio-visuel, à ses technologies, et à l’art cinématographique.

L’écran est désormais omniprésent dans tous les milieux de la société, et la perspective de la jonction entre écran de télévision, écran informatique et écran télématique est devenue  réalité.

À ces écrans s’est ajouté le téléphone portable qui permet non seulement de se parler à distance mais également de photographier, de filmer, de garder en mémoire.

Avec le développement d’Internet, l’écran est devenu, « le cahier » qui permet  de lire, d’entendre à distance des informations, d’acquérir des connaissances, de communiquer instantanément à des milliers de kilomètres. Ainsi les adultes et les enfants, ont-ils intégré la transformation de la notion d’ Espace et de Temps.

La multiplication des chaînes de télévision analogiques ou numériques (TNT - Satellite), offre aux téléspectateurs un choix très diversifié  d’émissions  scientifiques, culturelles, de variétés ainsi que des programmations de films «cinéma» - la Télévision Haute Définition faisant  de l’image télévisuelle une image de très grande qualité.

Tandis que certains cinéastes passent du film sur pellicule au film réalisé en vidéo numérique haute définition, la «table de montage»  est remplacée par l’ordinateur et ses logiciels de montage de l’image et du son.

Les salles de cinéma se voient dans l’obligation d’ajouter à leurs équipements traditionnels des équipements numériques.

Parallèlement, les salles de cinéma, lieux  privilégiés de la transmission de l’art cinématographique, sont concurrencées par la diffusion télévisuelle ainsi que par la production-diffusion du DVD et du Blu-Ray.

Si, très vite, le DVD, sa capacité de stockage d’images fixes et en mouvement, de  sons et d’écrits, a remplacé le vidéodisque interactif et le CD Rom, depuis 2006, le Blu-ray, offre des capacités de stockage d’informations encore plus grandes.

Par ailleurs, si la plupart des systèmes éducatifs européens ont introduit l’usage de l’ordinateur dans les établissements de l’enseignement supérieur, secondaire et  primaire, cette introduction n’a pas été réellement accompagnée de formation à la fois technique et pédagogique des enseignants.

Cependant, certaines expérimentations, notamment celle de l’usage du tableau blanc interactif et des classes mobiles (chariots équipés d’ordinateurs portables et d’une borne d’accès sans fil à Internet) conduites notamment en Grande-Bretagne, au Mexique et en France, sont en train de convaincre de plus en plus d’enseignants de l’utilité de cette introduction et de la nécessité de leur formation à l’utilisation  de l’Audiovisuel et de ses technologies.

Très peu de pays ont développé, à l’instar de la France, une politique d’éducation à l’art cinématographique basée sur la découverte, la connaissance, l’analyse des œuvres et la pratique de l’écriture audiovisuelle.

Cette politique, permise par la collaboration entre le ministère de l’Education Nationale et le ministère de la Culture, sur le plan national comme sur le plan régional s’appuie, avec succès, sur des opérations d’accès à la culture cinématographique telles Collège au Cinéma, lycéens au cinéma ou un été au Ciné, Ciné-ciné ville, ainsi que sur des actions d’éducation à la pratique du langage, des techniques et des technologies de l’Audio-Visuel.

Cette pratique, incluant le tournage et le montage de courts films documentaires ou de fiction, fait appel à des intervenants professionnels de l’Audio-Visuel, qui animent aux côtés des professeurs, des ateliers «cinéma et audiovisuel» ou les sections lourdes et légères «cinéma et audiovisuel» des lycées.

Mais force est de constater qu’une politique nationale et générale d’initiation au langage de l’Image et du Son, d’éducation aux médias, d’accès à la culture cinématographique et télévisuelle n’a pas encore été installée dans le système éducatif français, pas plus qu’il ne l’a été dans les autres systèmes éducatifs européens.

Cette installation impliquerait que Audiovisuel /Informatique/ Télématique soit enseignés comme moyens d’information, de communication et d’expression artistique de l’Ecole Maternelle à l’Université, que les enseignants toutes disciplines soient formés à l’utilisation des nouveaux outils de transmission des savoirs et des arts, que soit créé et formé un corps professoral spécifique, ce qui mettrait en évidence la prise en compte par les systèmes éducatifs d’une nouvelle forme de civilisation, celle de «l’ère post media» comme la définissait Félix Guattari.

Malgré la multiplication, la diversification et la miniaturisation des outils   permettant au plus grand nombre de recevoir, de produire, de diffuser des images et des sons, l’absence d’une éducation généralisée aux langages et aux arts  de l’Image et du Son, l’absence de formation  aux maniement des  outils, entraîneraient l’analphabétisation du plus grand nombre ainsi que sa  manipulation par les détenteurs du savoir, des moyens de production et de diffusion de l’ Audio-Visuel.

Plus que jamais les questions soulevées et les propositions faites lors des Forums du Conseil de l’Europe, des actions de préfiguration du CEIS, sont d’actualité.

Plus que jamais, face au développement exponentiel de l’Audio-Visuel et de ses technologies, face au risque de manipulations planétaires, il est nécessaire  d’éduquer et de former tous les hommes à la compréhension, à l’utilisation de l’Audio-Visuel et de ses technologies, considérés comme nouveau langage, nouveaux outils, nouveaux moyens d’information, de communication, d’éducation  et de création.

Claude BRUNEL (Conceptrice du projet du Centre Européen de l’Image et du Son (CEIS) - ( Déléguée générale de l’Association de Préfiguration du CEIS (APCEIS)