D’un club caméra d’un lycée au Baccalauréat «Cinéma et Audiovisuel»
Du club-caméra d’un lycée de province aux séminaires de préfiguration du Centre Européen de l’Image et du Son (CEIS) et à la réalisation de films documentaires.
Par Claude BRUNEL
Pour moi tout a commencé pendant l’année scolaire 1967-68, alors que se préparaient chez les enseignants tout comme chez les étudiants les grandes remises en question du mois de Mai…
J’étais alors jeune professeur de musique au lycée Lacassagne de Lyon, lycée réputé pour son activité syndicale, les projets inovants de ses professeurs et la vitalité de son Foyer socio-éducatif.
Eléves et professeurs se retrouvaient à la séance hebdomadaire du ciné-club, pour y découvrir ou y présenter les chefs d’œuvres de l’histoire du Cinéma dont on louait les copies à L’OROLEIS (office régional des œuvres laïques d’éducation par l’Image et le son) de Lyon.
Dans la vague musicale mondiale portée par les Beatles, les Rolling Stones, Joan Baez, et Bob Dylan, les lycéens devenaient guitaristes et se mettaient à fréquenter assidument le cours de musique où élèves et professeurs se faisaient découvrir mutuellement la Pop musique, le Rock, Georges Brassens, Xénakis et… l’Opéra.
C’était l’époque où Louis Erlo créait à Lyon « L’Opéra nouveau », ouvrant le temple musical de la Bourgeoisie aux comités d’entreprise, aux étudiants et aux lycéens; une centaine d’élèves du lycée Lacassagne prient leur abonnement à l’Opéra et accueillirent notamment dans leur lycée, le Directeur de l’opéra et metteur en scène Louis Erlo, le chorégraphe Vittorio Biagi, le compositeur Prodromidès.
Passionnée de cinéma, j’acceptais de prendre la relève du professeur responsable du club caméra en partance pour un autre établissement.
Le club caméra possédait une caméra super-huit, une visionneuse et une colleuse. Il bénéficiait d’un petit budget alloué par le Foyer socio-éducatif permettant d’acheter et de faire développer environ trois heures de pellicule.
À la rentrée scolaire suivante, un élève de Terminale vint me trouver : « je compose de la musique, j’ai suivi cet été un stage Cinéma où nous avons vu beaucoup de films. Je voudrais faire un film sans parole avec seulement des images et de la musique.
C’est ainsi que Jean Paul Dupuis réalisa son premier film, en super 8 : « Liberté », « Pourquoi » et « Que cherches-tu » films qui révélaient déjà le regard d’un poète, le sens inné du cadrage, du temps cinématographique, de la complémentarité signifiante entre la musique et l’image, l’audio et le visuel.
Je décidais d’aider Jean Paul Dupuis à réaliser son premier film en 16 mm « Désespérément » – 45’ (1972).
C’est ainsi que commença notre collaboration.