Audiovisuel et petite enfance - Partie 3

5 – Le Label CEIS

Le label CEIS, qui devait aider les auteurs, réalisateurs, producteurs, à trouver les moyens de réaliser leur projet, était décerné par un jury composé de : Maria Benesova théoricienne et pédagogue tchèque, Aline Dhavré, chargé de mission à la médiathèque de Belgique, Ivan Ivic, professeur à la faculté de philosophie de Belgrade (Yougoslavie), Paulette Magnenat, productrice à la Radio télévision Suisse Romande, Père Ettoré Segneri, membre du comité des experts gouvernementaux pour le Cinéma du Conseil de l’Europe et Président du Centre Culturel Salésien (Saint-Siège).
Ce label faisait suite à un appel d’offre à projets lancé au mois de janvier 1991 et auquel 29 auteurs, réalisateurs ou producteurs avaient répondu.
Il fut décerné à deux projets.
- « Les Z’animaux », série de 52 films de 3’ en 16 mm (auteur Daniel Chérix, réalisateur Patrick Leroy, compositeur Thierry Fervant, production Suisse et Robi Engler)
- « Les animaux musiciens », série de 26 films de 3’ en vidéo (auteur Marc Giraud, réalisateur Laurent Bounoure, compositeur Pierre Meige, production française (Barbara productions).
Un Video-livre, en version bilingue (Français et Anglais). Ce Vidéo-livre, préparé par les organisateurs du séminaire (Sandra Joxe, Philippe Freling, Anne Luthaud, Catherine Lecoanet, Claude Brunel) et les interprètes du Conseil de l’Europe (Isabelle Machini, Marianne Revah, William Worsdale), rendait compte de cette deuxième action de préfiguration du CEIS.
Edité par les Editions Actes Sud, il comportait deux livres et une cassette vidéo. Il proposait différentes «entrées » pour des lectures interactives.
Le livre 1 : Entrée « Actes du séminaire» présentait en style direct et en version bilingue, les cinq journées de communications et de débats des séances plénières.
Le livre 2 : Entrée «Communications écrites et comptes-rendus des ateliers »
proposait, en Français ou en Anglais, les communications écrites in extenso et les comptes-rendus des travaux en atelier des chercheurs, pédagogues, médecins et professionnels de l’image et du Son.
La cassette vidéo: « de l’Image fixe à l’image animée » (26’, VHS, Pal ou Secam) montrait et démontrait le processus pédagogique d’une expérience d’initiation à la photographie d’enfants de 3 à 6 ans, à travers la réalisation d’un document conçu, filmé et monté par l’équipe d’enseignants de l’Ecole Maternelle de la Roquette d’Arles, avec l’aide de professionnels de l’Image et du Son.

Afin de faciliter l’interactivité entre les livres et la cassette vidéo, il était indiqué en fin de chaque communication orale du livre 1, la référence au livre 2 (cf. com.livre II, p…) et pour chaque texte du livre 2, la référence au livre 1 (cf com.livre 1, p….) ainsi qu’à la cassette VHS.
Les photos illustrant les couvertures de ce Vidéo livre avaient été faites par les enfants de l’Ecole Maternelle de la Roquette.

Conclusions et conséquences de la deuxième action de préfiguration

Le nombre et l’enthousiasme des participants, la chaleur des remerciements, l’atmosphère passionnée,(quelques fois passionnelle) des débats me conduisaient et me conduisent à penser que les thèmes choisis, la façon de les traiter, répondent à des besoins :
- Besoins de connaître le monde omniprésent de l’Audiovisuel dans toute sa complexité
- Besoins de confronter sa recherche, son expérience à d’autres recherches et expériences parallèles, différentes et complémentaires.
Besoins de prolonger la réflexion et les échanges qu’à permis ce premier séminaire européen consacré à l’Audiovisuel et à la Petite Enfance
- Besoins de formations adaptées aux préoccupations des spécialistes de la petite Enfance.
- Besoins d’une « banque de données » européenne permettant la connaissance et le partage des recherches, des expériences concernant l’Audiovisuel, destinée aux acteurs de l’Education, de la Culture, de la Formation et de la Santé.
- Besoins de productions européennes de films destinées à la petite Enfance.

Afin de tenter de répondre aux besoins exprimés par les participants, il était proposé :

- La mise en place d’un groupe de travail européen chargé de la conception de nouveaux séminaires et de stages de formation organisés à partir de chacun des cinq thèmes abordés
- La mise en place d’un groupe de travail chargé de préparer la banque de données du CEIS.
D’ors et déjà les communications et les confrontations d’expérimentations et d’expériences permettaient de préciser que:
- La télévision n’est pas seule responsable des comportements de violence et d’agressivité, de confusion entre monde réel et monde imaginaire, de perte de d’identité du jeune enfant ; le milieu familial, l’absence de relations affectives, la non possibilité de verbalisation et d’expression dans des disciplines telles que les Arts plastiques ou la Musique, le sont tout autant.
- La publicité, même si elle utilise l’Enfant à des fins commerciales, peut devenir objet d’éducation : l’efficacité de ses couleurs, de ses formes , de ses procédés de prise de vue et de montage peut être utilisée dans l’initiation au langage des images et des sons ; l’analyse des stéréotypes qu’elle véhicule peut être faite sur le mode humoristique, fantastique, et désamorcer ainsi les effets de nivellement des consciences qu’elle entraîne.

Dans l’éducation à l’Audiovisuel du jeune enfant, tous les aspects de l’Audio et du Visuel doivent, d’une part, s’inscrire dans des relations permanentes avec les apprentissages fondamentaux, les autres modes d’expression, de communication que sont la Parole, l’Ecrit les disciplines artistiques, et d’autre part, relever de techniques d’apprentissage, de méthodes pédagogiques spécifiques.

L’éducation du jeune enfant à l’Audiovisuel doit considérer l’Audiovisuel comme :
- Un langage de l’image et du son, moyen d’expression et de communication, moyen de transmission des savoirs et des cultures.
- Un Media (moyen d’émettre des messages fabriqués par une minorité à destination d’une majorité de consommateurs).
- Un Art de l’image fixe et en mouvement (la Photographie, le Cinéma, la Vidéo).

L’éducation du jeune enfant à l’Audiovisuel ne saurait être faite sans une formation pratique et théorique de ceux chargés de son éducation. Dans la foulée et l’euphorie de « Audiovisuel et petite Enfance », l’APCEIS et le cinéma Le Méjan/Actes Sud poursuivaient leur collaboration en présentant dans le cadre de « Ciné Mémoire » la deuxième semaine du Mej’enfants ’ »(21-27 octobre) et « une soirée exceptionnelle de cinéma à l’Abbaye de Montmajour (25 octobre).

En inscrivant la deuxième semaine du Mej’enfants dans le cadre de Ciné Mémoire, manifestation internationale vouée notamment aux films retrouvés et restaurés, l’APCEIS et le Méjan associaient les enfants, les adolescents et les adultes arlésiens à la redécouverte de l’histoire du cinéma à travers une sélection diversifiée de films exemplaires.
La programmation retenue présentait un choix de films allant de Charlot policeman (Charlie Chaplin 1915) à Ivanhoé (Richard Thorpe, 1951), en passant par Sherlock Junior (Buster Keaton, 1924), l’Homme invisible (J. Whale 1933) ou Un chapeau de paille d’Italie (René Clair, 1933).
Les projections étaient accompagnées d’animations, de rencontres, de conférences destinées soit aux jeunes publics, soit à leurs éducateurs (enseignants et animateurs culturels). La semaine se déroulait grâce à l’aide du CNC et aux collaborations de la Direction Régionale des Affaires Culturelle et du Rectorat d’Aix –Marseille.

En organisant une soirée exceptionnelle de cinéma dans le lieu prestigieux de l’Abbaye de Montmajour avec la projection du film muet de Tourjansky Michel Strogoff (1926) accompagné par le pianiste et compositeur Jean Marie Sénia, l’APCEIS et Le Mejan entendaient mettre en valeur l’action de la Fondation Gan pour le cinéma dont le soutien avait permis la restauration du film et l’organisation de la soirée, avec l’aide de la Caisse des Monuments Historiques et des sites ainsi que celui de la Cinémathèque Française.
Au niveau européen, la réussite de la deuxième action de préfiguration du CEIS avait pour conséquence l’inscription du projet du CEIS au programme 1992 du Conseil de la Coopération Culturelle du Conseil de l’Europe.