D – Des stages nationaux de formation la FEMIS...


... au CONSEIL de l’EUROPE et au PROJET du CENTRE EUROPEEN de l’IMAGE et du SON.

Entre 1987 et 1988, les enseignants et partenaires culturels des sections A3 cinéma et audiovisuel, bénéficient de 7 stages nationaux de formation à la FEMIS, stages que je conçois pour répondre aux besoins exprimés par les enseignants et leurs partenaires culturels. Ces stages de deux semaines axés sur la réalisation du film documentaire s’organisent autour d’une semaine de tournage et d’une semaine de montage et se déroulent dans les locaux de la FEMIS encore installée au Palais de Tokyo.

Ils sont encadrés par les professionnels chargés de la formation des étudiants de la FEMIS, tant dans le domaine de la pratique cinématographique (réalisateurs, monteurs, directeurs de la photo, compositeurs) que dans celui de l’analyse filmique (universitaires et critiques de cinéma). Ils permettent non seulement aux équipes pédagogiques de bénéficier d’une formation nationale initiale de qualité répondant à leurs besoins, mais également de réfléchir, entre « professeurs apprentis cinéastes » et intervenants culturels « apprentis professeurs » sur la notion d’une «pédagogie de la création et les méthodes de transmission des savoirs qu’ils ont l’intention d’utiliser.

En 1987, aux côtés des stages organisés à PARIS, j’organise, à la demande de la MAC (Mission d’Action Culturelle du Rectorat de la Réunion), un stage de formation à l’île de la Réunion. Ce stage, qui se déroule dans le cadre de l’Université d’Eté « de l’Ecrit à l’Image » propose, à la demande des Réunionnais, « des ateliers-scénario » et des ateliers « réalisation du film documentaire ».

Précédé par des « journées préparatoires » qui se sont déroulées au mois de novembre 1986 à Saint-Denis de la Réunion, et m’ont permis de rencontrer Roland Morel directeur de la Mission d’Action Culturel et ses collaborateurs, les représentants de la DRAC Réunion ainsi que des enseignants et des vidéastes professionnels, ce stage de deux semaines est destiné aux enseignants et partenaires culturels engagés dans des actions d’éducation à l’audiovisuel tant à l’université, au lycée qu’au collège, tant à la Réunion que dans les autres îles de l’Océan Indien (Madagascar, les Seychelles, l’île Maurice).

Il doit répondre aux demandes des stagiaires:

- Apprendre à réaliser un film documentaire

- Apprendre à passer de l’écriture littéraire à l’écriture pour « l’audiovisuel »

- Apprendre à tourner et à monter en vidéo avec un matériel léger correspondant aux équipements et aux besoins des établissements scolaires.

Co-organisé avec la MAC ( Mission d’Action Culturelle Rectorat de la Réunion) avec l’aide de la DRAC de la Réunion (Direction Régionales des Affaires Culturelles), du Centre National du Cinéma (CNC), du Conseil Régional de la Réunion, du Ministère des relations extérieures et de la coopération, avec la participation de nombreuses structures culturelles et audiovisuelles de la Réunion (Université de la Réunion, Cinémathèque de la Réunion, Télévision scolaire, Radio France Outremer, cinéma «Splendid» de Saint Paul, CRDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique etc…) et le soutien d’Air France, du Crédit Agricole, du Village Vacance Famille (VVF), l’Université d’Eté accueille plus de 70 participants (dont 45 réunionnais, 14 métropolitains, 5 malgaches, 3 mauriciens et 4 seychelliens).

La délégation de la FEMIS conduite par le Président de la FEMIS, le scénariste Jean-Claude Carrière et moi-même, assure l’encadrement pédagogique de l’Université d’Eté. Elle comprend:

- Yves Turquier, directeur du département vidéo de la FEMIS

- Serge Le Péron, scénariste, réalisateur et critique

- Jean-Paul Dupuis, réalisateur et compositeur

- Jean Douchet , critique et réalisateur, chargé d’analyse filmique et des cours d’histoire du cinéma à la FEMIS.

Les formateurs de la FEMIS sont secondés pendant les phases de tournage et de montage des films documentaires par des « animateurs d’équipe » formateurs ou responsables techniques des ateliers audiovisuels de l’Île auxquels s’ajoutent des «animateurs réalisateurs», étudiants en 2ème année de l’IDHEC (Rithy Pan, Pierre Sullice, Bertrand Elverde, Valery Gaillard) et en 1ère année de la FEMIS (Laure Dollfus, Francine Filatriau, Christine François, Frédéric Videau).

L’atelier « scénario », animé par Serge Le Péron se déroule sur deux semaines, et, à la demande de la MAC, propose un travail sur l’adaptation cinématographique d’un extrait du roman de l’écrivain réunionnaise Marguerite Hélène Mahé:  » Eudora ou l’île enchantée « .

Le travail de préparation et d’écriture du scénario de l’extrait d’Eudora ou l’île Enchantée est accompagné d’un travail d’analyse des différentes étapes de l’écriture du scénario et du découpage technique du  » Charme discret de la Bourgeoisie  » de Luis Bunuel (scénario: Jean Claude Carrière) et  » Tirez sur le pianiste  » de François Truffaut (scénario: Marcel Moussy), ainsi que par des visites sur les lieux d’Eudora : Mahavel et ses collines, la ravine de Saint-Gilles, celle des Cabris, la Maison de Madame Desbassayns devenu le Musée Historique de Villèle…

La formation à la réalisation du film documentaire se déroule au sein de 8 ateliers réalisation-tournage-montage. Munie de son synopsis, de son responsable technique, d’un animateur réalisation et d’un photographe reporter, chaque équipe se rend sur son lieu de tournage, ce qui permet aux stagiaires de découvrir, d’admirer, de comprendre avant de les filmer: Cilaos et ses Thermes, le Volcan et ses alentours, Le Grand-Bénare et l’Observatoire Volcanologique de la Réunion, la culture du géranium, ou bien encore les tables d’hôtes, les lieux de médecine traditionnelle (avec Mme Visnelda) confrontée à la médecine moderne, les élèves d’une école dans les « Hauts de la Réunion » la régulation des eaux à la Réunion….

Chaque équipe assume librement la réalité du tournage et du montage:

– Organisation des déplacements et des hébergements avec l’aide des responsables d’intendance du stage,

– Mise en place de l’équipe et préparation du matériel (Vidéo 3/4 U-Matic et Vidéo8, magnétophones portables, banc de montage 3/4 de pouce) matériel prêté par divers ateliers et sociétés de production réunionnais et par la FEMIS.

– Tournage d’un film réalisé collectivement avec la nécessité pour chacun de pratiquer la prise de vue, la prise de son la technique d’interview.

– Montage élaboré collectivement mais banc de montage manipulé par le responsable technique de l’atelier.

En fin de journée (et la nuit tombe vite à la Réunion), stagiaires et intervenants se retrouvent dans les jardins du VVF pour faire « le point » et assister aux projections de films documentaires et de fiction présentés et analysés par Jean Douchet.

Un questionnaire de « fin de stage » rend compte du plaisir qu’ont eu les stagiaires et les intervenants, de l’efficacité de la formation, de la richesse des échanges, et de l’espoir « qu’il y aura d’autres stages organisés par la FEMIS qui leur a permis d’approfondir leurs connaissances, tant sur le plan de la pratique du film documentaire, de l’écriture du scénario que sur le plan de la culture et de l’analyse cinématographique.


E – DE LA FEMIS AU CONSEIL DE L’EUROPE

Cheville ouvrière de la politique culturelle française d’éducation au Cinéma et à l’Audiovisuel en liaison avec la formation des professionnels, la FEMIS est contactée, au printemps de 1988, par le Conseil de l’Europe pour participer au forum européen de réflexion et de propositions intitulé :

Initiation au langage de l’image et du son, formation des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel.

Conçu comme un lieu de discussions, d’échanges, de confrontations d’expériences et de propositions, plutôt qu’un lieu d’études et d’analyses approfondies, le forum se déroule à Frascati (Italie), du 27 au 29 septembre 1988.

Organisé par la Division des Affaires Culturelles du secrétariat général au Conseil de l’Europe, avec le soutien du comité directeur de l’ AECTV (Année Européenne du Cinéma et de la Télévision) et la coopération du ministère italien du spectacle, du tourisme et du sport ainsi que celui de Centre Culturel Salésien, le Forum de Frascati réunit une soixantaine de participants : experts gouvernementaux du Comité pour le Cinéma du Conseil de l’Europe dont le Président Gérard Valter, représentants des ministres de la Culture et de l’Education, professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel, responsables de la formation initiale et continue des professionnels de l’Image et du Son, enseignants, Directeurs de programmes pour la jeunesse de chaînes de télévision, journalistes spécialisés, venus d’Autriche, de Belgique, de Chypre, de la république Fédérale d’Allemagne, de Finlande, de France, d’Islande, d’Ireland, d’Italie et du Saint Siège, de Norvège, de Suède, du Royaume-Uni et de Yougoslavie.

Tandis que Colin Young, président du CILECT (Centre International de liaison des Ecoles de Cinéma et de Télévision, Directeur du NFTS (National Film and Televisiion School) est chargé de la partie « formation des professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel (seconde journée du forum), je prépare et conduis la première journée concernant « l’initiation au langage de l’image et du son ».

Le Forum de Frascati fait suite à plusieurs séminaires, études et rapports dont celui de l’UNESCO (1977) consacrés à l’éducation aux médias.

Au moyen de son intitulé même, le Forum de Frascati affirme le déplacement des préoccupations entre l’éducation aux médias permettant certes mais seulement de comprendre et d’analyser les messages proposés par une minorité ( les professionnels du Cinéma et de la Télévision), et l’accès au langage des images et des sons, nouveau moyen d’expression et de communication donné à tous.

Parallèlement, il met l’accent sur la nécessaire relation entre l’initiation aux langages de l’Image, commune à tous les individus, et la formation des professionnels du Cinéma et de la Télévision, émetteurs des messages en directions de publics désormais initiés, devenus spectateurs et téléspectateurs « actifs ».

Un questionnaire préparatoire adressé par le Secrétariat Général du Conseil de l’Europe aux responsables des départements spécialisés des ministères de l’Education, de la Culture et aux responsables des programmes pour la jeunesse des chaînes de télévision des 25 états membres du Conseil de la Coopération Culturelle a permis :

- De dresser un premier état des conditions matérielles susceptibles d’aider à l’initiation au langage de l’image et du son,

– De connaître plus précisément de quelle façon est utilisé l’Audiovisuel dans les systèmes scolaires,

– D’entrevoir la logique interne relative à l’introduction de l’Audiovisuel dans les différents systèmes éducatifs

– D’entrevoir, dans l’introduction de cet enseignement, quelles sont les méthodes pédagogiques communes aux 25 états membres.

Durant les deux journée du Forum, de fructueux échanges font suite aux communications qui rendent compte d’expériences nationales très diverses, concernant à la fois l’Ecole, la Culture, la Télévision, les réseaux associatifs, la formation initiale et continue des professionnels du Cinéma et de la Télévision.

Les travaux des participants aboutissent aux recommandations du Conseil de l’Europe suivantes :

- Que soit intégrée dans la formation générale des Européens et donc prise en compte par les systèmes éducatifs et les lieux d’action culturelle, l’initiation aux langages de l’image et du son, indissociable de l’éducation aux médias.

– Que cette initiation soit basée sur la lecture et l’écriture des signes, la connaissance et la pratique du vocabulaire, le maniement des outils ainsi que sur la découverte et l’analyse des œuvres cinématographiques et télévisuelles, initiation tenant compte de l’âge et du niveau culturel des enseignés

– Que cette initiation soit réellement permise par des mesures relevant des pouvoirs politiques et concernant : la formation des enseignants, la mise en place d’équipements adaptés aux structures de formation, aux niveaux et à l’âge des enseignés, la production d’un matériel didactique adapté aux besoins des enseignants et des enseignés.

– Que soient établies des passerelles entre la formation des publics et la formation initiale et continue des professionnels du Cinéma et de la Télévision.

– Que soient développées les structures de formation professionnelle existantes dans le cadre de la coopération européenne et qu’elles soient plus largement ouvertes aux femmes et aux minorités ethniques.

En conclusions du Forum, les participants acceptent à l’unanimité la proposition d’un groupe de travail restreint chargé de réfléchir sur un programme européen minimal d’initiation aux langages de l’Image et du Son, établi à partir des expériences nationales et des recommandations émanant du Forum de Frascati.

Faisant suite au Forum de Frascati, le colloque national de Strasbourg,( Novembre 1988) organisé par la revue Contre plongée et les Rencontres Cinématographiques d’Alsace sous l’égide du Conseil de l’Europe, avec la participations des représentants des ministères de l’Education nationale, de la Culture , des enseignants, des professionnels du Cinéma et de l’Audiovisuel ainsi que des experts gouvernementaux du Comité pour le Cinéma du Conseil de l’Europe, inclut dans ses conclusions le projet de création d’un Centre Européen de l’Image et du Son tel que les conclusions du Forum de Frascati m’ont amené à le concevoir.


F – LE C.E.I.S. (Centre Européen de l’Image et du Son)

Le CEIS se définit alors comme :

– Un centre européen de rencontres, d’échanges entre des personnes physiques ou morales concernées par l’initiation aux langages de l’image et du Son, l’éducation aux médias audiovisuels, la culture cinématographique et télévisuelle.

– Un centre européen de recherches et d’expérimentation concernant les langages, les media, les technologies et les arts de l’Audiovisuel associé désormais à l’Informatique et à la Télématique

– Un centre européen de formation de formateurs des enseignants toutes disciplines, et tous niveaux et de formateurs d’animateurs culturels, en liaison avec la formation initiale et continue des professionnels de l’Image et du Son.

– Un centre européen de coordination de la production et de la diffusion des produits audiovisuels concernant non seulement les langages de l’Image et du Son, la culture cinématographique et télévisuellle mais aussi toutes disciplines susceptibles d’utiliser l’Audiovisuel comme support d’enseignement, outils pédagogique complémentaire de l’Ecrit et de l’Oral.

Le fonctionnement du CEIS reposera sur des personnels permanents ou temporaires issus des états européens associés à la création du CEIS, ainsi qu’aux études de faisabilité. Il comprendra un noyau administratif, des équipes de chercheurs en sciences de l’Education, de professionnels de l’Image et du Son, des enseignants, des organisateurs de stages de formation et de manifestations culturelles.

Le CEIS sera équipé en matériel de tournage et de montage vidéo et cinéma semi professionnels et professionnels ainsi que de salles de réunion et de projection.

Le CEIS, projet piloté par la France, sous l’égide du Conseil de l’Europe et de la Communauté Européenne, associera tous les états membres de la Coopération Culturelle qui se porteront candidats : au financement des études préliminaires, à la construction et au fonctionnement du CEIS.

Cette participation financière établie en fonction des quotas définis par le Conseil de l’Europe impliquera leur participation à l’organisation, à la gestion du Centre ainsi qu’aux orientations de ses actions et de ses recherches.

Plusieurs réunions avec les experts Européens organisées à Strasbourg par la Division des affaires culturelles au Secrétariat général du Conseil de l’Europe dirigée par Charles Zaegel, et à Paris par la FEMIS, précèdent la mise en œuvre du projet du CEIS.

Le contexte politique Français et Européen semble alors particulièrement favorable à cette mise en œuvre : les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Européenne réunis à Rhodes au mois de décembre 1988 se sont ralliés à la proposition du Président de la République Française François Mitterrand de créer un » Eureka Audiovisuel » dont les premières assises se dérouleront à Paris au mois d’octobre 89.

De nombreux travaux , au sein du Conseil de l’Europe et de la Communauté Européenne ont abouti à des décisiosn visant à soutenir et à encourager la création, la production et la diffusion de l’audiovisuel européen ( Eurimages, Plan MEDIA 92).

Cependant, au lendemain du Forum de Frascati et du colloque de Strasbourg… Tout reste à faire…

Pour que le projet devienne réalité, il faut :

- Trouver les moyens financiers qui permettront à une structure opérationnelle de vérifier la faisabilité du projet.

obtenir l’engagement financier tant pour la construction que pour le fonctionnement du CEIS d’au moins deux autres Etats européens pour que ce projet piloté par la France devienne véritablement une réalisation européenne.

– Trouver un lieu d’implantation pour le Centre Européen de l’Image et du Son.

Alors que je prépare le dossier de présentation du projet destiné à obtenir l’accord et l’aide financière du ministère de la Culture de la Communication, des grands travaux et du Bicentenaire, du ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, ainsi que celui des Affaires européennes, je suis contactée par Michel Vauzelle.

Député des Bouches-du-Rhône, candidat à l’élection municipale d’Arles, Michel Vauzelle est désireux de proposer à sa ville un projet culturel d’envergure, un projet «qui redonne à Arles sa dimension historique de carrefour de la communication et d’échanges entre le Sud et le Nord de l’Europe, entre l’Europe et le Bassin Méditerranéen».

Par ailleurs, le CEIS est un projet fédérateur et complémentaire des autres réalisations de sa ville : Les Rencontres Internationales de la photographie créées par Lucien Clergue et Jean Marie Rouquette (Conservateur en chef des musées d’Arles) l’Ecole Nationale de la Photographie, (l’un des premiers grands projets de Province décidé par François Mitterrand), l’université d’Eté de la radiophonie, sans oublier les Editions Actes Sud, Harmonia Mundi et le Collège International des traducteurs.

Au mois de janvier 1989, en concertation avec le Secrétariat Général du Conseil de l’Europe, Michel Vauzelle et moi-même présentons le projet à Jack Lang, Ministre de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire.

Au mois de février m’est confiée par Jack Lang une mission d’étude et de faisabilité du CEIS, mission que je dois mener en liaison avec la FEMIS et pour laquelle le Ministre de l’Education Nationale, de la jeunesse et des sports Lionel Jospin prolonge mon détachement de l’Education Nationale.

Une subvention de fonctionnement est allouée par le CNC à l’association de Préfiguration du Centre Européen de l’Image et du Son (APCEIS).

L’APCEIS est créée pour « permettre toutes études, recherches, contacts et actions qui seront nécessaires à la création du Centre Européen de l’Image et du Son ».

Michel Vauzelle est le Président de l’Association de Préfiguration du CEIS.

Jérôme Clément, Président du Directoire de la Sept et Eliane Victor productrice en sont les Vice-Présidents.

Pierre Baqué professeur des Universités et chargé de mission par le Ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports en est le Secrétaire Général, et

Jack Gajos Délégué Général de la FEMIS le trésorier.

En tant que déléguée générale de l’APCEIS, je dois prioritairement :

- M’occuper de l’ancrage du CEIS en Arles

– Renforcer les contacts avec les organismes français et européens intervenant déjà dans le secteur de l’Education, de la Culture et de la formation aux métiers de l ‘Audiovisuel.

– M’assurer de la prise en compte politique et économique du CEIS par le Conseil de l’Europe et la Communauté Européenne.

Lors de la réunion du Comité des experts gouvernementaux pour le Cinéma du Conseil de l’Europe les 9 et 10 mars 1989, les membres du Comité décident unanimement de soutenir le projet et approuvent son implantation éventuelle à Arles.

Après les élections municipales… bien que le nouveau maire d’Arles ne soit pas Miche Vauzelle, mais Jean Pierre Camoin, je décide, avec l’accord du bureau de l’APCEIS, de poursuivre l’opération « CEIS » en Arles.

Du 3 au 5 juillet se déroule à Arles « les journées d’Arles 1989 », colloque préparatoire à la création du CEIS.

Ce colloque , dédié, sur la proposition de Jack Gajos, à la mémoire de Joris Ivens, grand documentariste et grand pédagogue, est organisé par l’APCEIS et la Division des affaires Culturelles du Conseil de l’Europe, avec le soutien logistique de la FEMIS, les soutiens du CNC, du Conseil Général des Bouches-du-Rhône et du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, de la ville d’Arles ainsi que de la chambre de commerce et d’industrie d’Arles et l’aide de l’Ecole Nationale de la photographie.

Il propose deux assemblées plénières accueillant plus de deux cent personnes dont les représentants des ministres français de la Culture, de l’Education, des affaires Etrangères et Européennes , ceux des ministres européens de la Culture et de l’Education, auxquels s’ajoutent des experts gouvernementaux pour le Cinéma de Belgique, du Danemark, d’Italie, du Royaume Uni, de Yougoslavie, du Portugal, d’Espagne , ainsi que les présidents ou vice présidents des instances régionales chargée de la Culture et de l’Education , des enseignants , de la Maternelle à l’Université, des présidents d’associations culturelles et des étudiants , sans oublier les membres du Bureau de l’APCEIS.

Les assemblées plénières encadrent deux demi-journées de travaux en commissions réservées à une cinquantaine de spécialistes.

La commission 1 est présidée par Carry Bazalgette (Royaume-Uni) membre du British film Institute et expert gouvernemental pour le Cinéma du Conseil de l’Europe, et par Pierre Baqué, Président rapporteur, ( France) professeur des Universités, chargé de mission par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et des Sports

Cette commission est chargée de réfléchir sur le CEIS considéré comme centre de formation des formateurs des enseignants et des animateurs socioculturels formation menée en relation avec la formation des professionnels du Cinéma et de la Télévision

La commission 2 est présidée par Christine Dano, chargée de mission à la Direction de l’Audiovisuel du Ministère de la Communauté Française de Belgique et experte gouvernementale pour le Cinéma du Conseil de l’Europe et par Gérard Valter (Président rapporteur), président du Comité des experts gouvernementaux pour le Cinéma du Conseiol de l’Europe.

Cette commission réfléchit sur le CEIS considéré comme centre de coordination européen de la production et de la diffusion des produits audiovisuels culturels éducatifs considérés comme outils pédagogiques, supports ou auxiliaires d’enseignement.

Les conclusions des Journées d’Arles réaffirment le soutien des états européens au projet du CEIS qui : »ayant pour objet l’éducation en profondeur des publics européens aux medias audiovisuels et l’initiation aux langages de l’Image et du Son » :

- Répondent aux préoccupations et aux besoins des Etats européens, soucieux de la sauvegarde et du développement de l ‘audiovisuel européen, donc des cultures, de la liberté d’expression, de communication et de création.

– S’inscrit dans la continuité de la réflexion menée depuis plusieurs années ainsi que des propositions faites tant par le Conseil de l’Europe, L’UNESCO , que par des responsables de l’Education , de la Culture, de réseaux associatifs, des différents états membres.

A l’Issue des Journées d’Arles les missions et le fonctionnement du CEIS paraissent clairement définis.

Le CEIS sera:

- Un lieu de rencontres et d’échanges européen pour les personnes physiques et morales concernées par l’éducation aux medias audiovisuels et à l’initiation aux langages de l’Image et du Son ( « le tronc commun »).

- Un centre de recherches et d’expérimentation en ce qui concerne notamment l’influence de l’environnement audiovisuel sur le développement des facultés sensibles et intellectuelles de l’Enfant.(axe n°1)

- Un centre de formation continue de formateurs de formateurs des enseignants, des animateurs de centres et réseaux culturels, en liaison avec les centres de formation des professionnels de l’Image et du Son et le CILECT (Centre International de liaison des Ecoles de Cinéma et de Télévision). Étant bien entendu que le CEIS ne devra pas reproduire les dispositifs déjà mis en place dans les différents Etats, mais apportera des solutions complémentaires à ces dispositifs.(axe n°2)

- Un centre européen de coordination de la production et de la diffusion des produits audiovisuels concernant non seulement les langages de l’Image et du Son, la culture cinématographique et télévisuelle mais aussi toutes disciplines susceptibles d’utiliser l’Audiovisuel comme support d’enseignement, outils pédagogique complémentaire de l’Ecrit et de l’Oral.(axe n°3)

Cet axe s’appuiera sur une banque de données et d’images, constamment réactualisée, présentant les productions audiovisuelles éducatives européennes, de même que les expériences de formation en milieu scolaire, para- scolaire ainsi que les besoins des enseignants, de l’éducation préscolaire aux enseignements supérieurs.

Le fonctionnement du CEIS reposera sur des équipes de chercheurs en sciences de l’Education, de professionnels de l’Image et du Son, d’enseignants, d’informaticiens, d’organisateurs de stages de formation et de manifestations, sur un personnel administratif et de maintenance composé de « Permanents » et de « Temporaires » issus des Etats européens associés à la création et au fonctionnement du CEIS. Il est accepté par tous les participants que le CEIS, tel que le proposent l’auteur du projet et l’Association de Préfiguration du Centre Européen de l’Image et du Son ( APCEIS) soit implanté en Arles. Il est souhaité par tous les participants que ce projet, « garant des libertés européennes et de la sauvegarde des identités culturelles, puisse se réaliser grâce à l’action et aux efforts conjugués de l’Etat Français, de la Région Provence Alpes-Côte d’Azur (PACA) et des régions avoisinantes, du département des Bouches-du-Rhône, de la ville d’Arles, des Etats membres du Conseil de l’Europe et de la Communauté Européenne.

Il est décidé:

- L’ouverture immédiate de l’APCEIS à tous les Etats membres du Conseil de l’Europe s’engageant financièrement:

- Dans les études préliminaires à la création du CEIS

- Dans les actions de préfigurations

- Dans la construction du CEIS

L’intégration des experts des Etats adhérant à l’APCEIS dans les groupes de travail chargés de la conception, de la préparation, de l’organisation des actions de préfiguration.

L’organisation d’un séminaire de réflexion et de propositions relatives à la production et à la diffusion des produits audiovisuels culturels et éducatifs qui se déroulera, sous l’égide et avec le soutien du Conseil de l’Europe, en Arles au mois de juillet 1990.

La presse régionale ayant très bien couvert la manifestation, les Arlésiens, tout comme les autres habitants de la Région PACA, attendent, très attentifs, la suite des évènements. Dans ce contexte, Werner Rauch, Directeur de la Région PACA, organise une première réunion de travail avec l’APCEIS consacrée à un état des lieux concernant à la fois les manifestations et réalisations culturelles de la Région, les structures de production vidéo ainsi que les professionnels locaux. Au même moment, le Conseil de l’Europe réaffirme son soutien au projet du CEIS présenté par la France, la Belgique et le Royaume-Uni aux Assises Européennes de l’Audiovisuel, rampe de lancement d’Euréka Audiovisuel (Paris 30 septembre – 2 octobre 1989) et recommande le projet lors de là 16ème session de la Conférence Permanente des Ministres Européens de l’Education (Istanbul 10-13 Octobre 1989).

Le rapport que je remets au Ministre de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux et du Bicentenaire au mois de Décembre 1989:

- Présente une analyse de la situation en France et en Europe de l’Education aux médias et de l’Initiation au langage de l’Image et des sons,

- Définit précisément les objectifs, le contenu et les méthodes du futur CEIS.

- Relate les présentations du projet par le Conseil de l’Europe, aux différents colloques, rencontres, séminaires européens traitant de l’Education aux media et de l’initiation aux langages de l’Image et du Son.